mardi 23 juin 2009

Dobri Do


Dobri Do. Depuis une dizaine de kilomètres, nous suivions des marques à travers la forêt. Sur les rochers, sur les arbres, de gros ronds de peinture rouge et blanche. Toujours bien en évidence, pour ne pas se perdre en plein hiver, quand des dizaines de centimètres de neige recouvrent tout et que le brouillard est dense.

Certaines montées sont infernales. Les cailloux roulent sur le chemin étroit, et chaque pas est un effort. Il faut arracher à la gravité chaque centimètre de notre avancée, chaque once de notre paquetage. Heureusement, au bout de chaque montée, il y a une terrasse dégagée. Un promontoire où l'on sort d'un coup de la forêt. Et soudainement, comme si enfin on ouvrait les yeux, le paysage s'offre sans retenue. La verticalité ahurissante de la pente d'en face, l'encaissement de la vallée, l'enfilade monumentale des parois. Et la petitesse réconfortante des boucles du chemin sur lesquelles nous marchions il y a une heure. Alors on s'arrête un instant, on souffle, on boit, on respire. Puis on repart, emmené par les traces rouges, réconfortés de temps à autres par une large inscription sur un rocher. "Dobri Do" accompagné d'une flèche montante.
Sur la carte, Dobri Do est un nom accompagné de trois quatre petits rectangles. Comme pour chaque hameau que nous avons croisé jusque là. Mais ce hameau là, on nous en parle depuis le bas de la vallée. Et on en chie pour y arriver.

Alors on se dit qu'une fois arrivés là haut, on va profiter de la vue, se poser à une terrasse, se prendre un café, du yahourt et des büreks, la quille quoi. Le réconfort après l'effort. C'est peut-être les nuits passées sous la tente, c'est peut-être l'âpreté des pentes, mais Dobri Do me semble prometteur d'une telle délivrance que je m'attends presque à y trouver une piscine à vagues et des jacuzzis.


Puis on passe une dernière bosse et le lieu se dévoile. Un alpage. De l'herbe. Des bosses de terrain pentu. Et deux bâtiments. Non, pas vraiment deux bâtiments, plutôt deux petites maisons de bois aux toits pentus, aux planches disjointes, comme abandonnées dans la montagne. Et à côté, une voiture démontée qui rouille dans le vent. Il n'y a personne.

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