samedi 12 mai 2012

Oulan Bator

La Mongolie est un pays d'altitude et la météo y change vite. Un jour il y fait 26° et un soleil brûlant, le lendemain il fait 1° et il neige. J'ai empilé toutes mes épaisseurs et je suis sorti.

Oulan Bator se veut moderne, lancée sur le toboggan du capitalisme. Ici, aucun traditionnalisme déplacé. Les adolescents ont des habits mal assortis et les cheveux dressés vers le ciel, les costards se portent comme dans le reste du monde et les working girls ont des talons hauts. Le dèl traditionnel se fait rare. Seules les personnes agées le portent encore au quotidien. Ces personnes qui ont connu la Mongolie avant le règne du pétrole ont la démarche tordue et les jambes arquées comme des vieux cowboys. Sur l'aspalte, même combat. Oubliés les chevaux, ils ont laissés la place à la puanteur des gaz d'échappement.

La circulation d'Oulan Bator est celle d'un junkie après un shot d'adrénaline. Le traffic y est anarchique, hératique. Les véhicules changent nerveusement de file et de direction, s'arrêtent où bon leur semble. Quand la circulation est bloquée (tout le temps), les conducteurs se jettent dans les espaces libres de la chaussée puis freinent d'un coup, à quelques centimètres du pare-choc suivant. Dès qu'on peut, on se faufile, on s'évite, on se contourne. S'il le faut, on crée une nouvelle voie de circulation, une roue sur la chaussée, une roue sur la terre du bas-côté. Moyens et gros usent des mêmes stratégie - il n'y a pas de petits véhicules à Oulan Bator, pas de deux roues non plus. Accélération violente - autant que le permet un bus - puis freinage brutal. Pour les passagers, c'est un rodéo constant. Entre conducteurs, on essaie parfois de s'organiser. On fait un signe de la main - pour demander le passage, pas pour le laisser -, on klaxonne comme un sourd, on s'interpelle par la fenêtre. Ou on s'invective.
En tant que piéton, pour traverser ces fleuves, il faut attendre un léger reflux dans la marée de véhicules, pressentir l'espace vide. Puis se lancer. Oser avancer, se faufiler. Parfois forcer un peu le passage. De toute façon, s'il ne mène à rien de s'énerver, à Oulan Bator il ne mène à rien d'être trop poli non plus.

Suis allé acheter mes billets de bus pour quitter la ville. J'ai attendu 40 min devant un guichet trop calme pour être en activité. L'électricité était coupée, on ne pouvait plus imprimer les billets. Quand le courant est revenu, la bousculade a repris.
Puis j'ai perdu un peu de temps dans un musée d'histoire naturelle rempli d'animaux grossièrement empaillés. J'y ai tout de même trouvé cette phrase à méditer: "les pattes [des animaux] sont appropriées pour aller n'importe où". Et les jambes [des humains]?

Je pars demain pour les montagnes du Khangaï.

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