mardi 8 mai 2012

Transsibérien - 3/3

"Wake up, we are at the lake!". Tomasz me secoue sur ma couchette. Première pensée: pas moyen de se réveiller peinard dans ce train. Deuxième pensée: le Baïkal! Je saute dans mon pantalon et dégringole de ma couchette, appareil photo à la main.

Le spectacle est magnifique. La mer Baïkal étincelle sous les premiers rayons du soleil, gelée, recouverte d'épaisses plaques de glace. On sort de l'hiver et c'est la débacle, tout un réseau de chemins d'eau craquèle la surface et des reflets de feu jaillissent entre les morceaux de banquise. Sensation d'arctique. Explosion solaire entre les écailles gelées. "Holy shit!". L'australien n'en revient pas, jure en boucle et mitraille. De l'autre côté du lac, des montagnes sortent de la brume. Au nord, l'étendue d'eau et de glace se mélange avec le ciel.
Paul l'australien, Tomasz et Natan les polonais, Auke et Mike les hollandais et moi-même. Le petit groupe passe d'une fenêtre à l'autre dans une excitation d'enfant. Mike s'absente et revient avec des bières chinoises. On trinque à sa majesté du lac. Les polonais sortent une bouteille de vodka brune. Le train tourne autour de la pointe sud du lac. La bouteille tourne de main en main. L'ambiance tourne à la soirée étudiante. Saoûls de la beauté glacée du lac et du feu de la vodka, nous mettons toutes nos provisions en commun pour un petit déjeuner gargantuesque. Cité U avec vue sur le Baïkal. Notre 9 m2 ferroviaire est une piaule d'étudiants en enthousiasmologie, option étendues glacées.


"Wake up, wake up, we will soon be at Ulan Baator!" Pas moyen de se réveiller de soi-même dans ce train. Un coup d'oeil à mon réveil qui n'a pas eu le temps de sonner, il n'y a pas d'urgence. Un coup d'oeil par la fenêtre, le jour se lève sur la Mongolie. Je laisse le paysage se mélanger à la fin de mes rêves. Filets de brume qui se dissipent sous le soleil. Je laisse mon rêve prendre ses aises dans le paysage. Douceur du relief. Vert frais. L'herbe rase habille les collines d'un tapis de velours. Chevaux libres au milieu de rien. Yourtes comme des soucoupes blanches posées dans le gazon. Je reste longtemps à la fenêtre à respirer l'air du matin. Je me vois déjà cavaler comme le vent.

Puis un ville grise apparait sous un brouillard sale. Oulan Bator. Ma piste d'atterrissage en Mongolie.

1 commentaire:

  1. MMMMH ça fait rêver !!
    L'enthousiasmologie, c'est aussi ma spécialité acutelle... Presque envie de raconter ma vie comme tu raconte la tienne... Bonne continuation 'ti bout

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